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OU RECUEIL D’ÉTUDES

curiosité ; et le blâme qu’il veut nous infliger retomberait sur nos évêques et nos prêtres qui ne se lassent pas de signaler les dangers des mauvaises lectures, car plus l’avertissement vient de haut, plus il doit « exciter la curiosité, » selon la doctrine du Journal.

Nous invitons notre confrère à soumettre sa thèse à n’importe quel théologien.

Si le Courrier des États-Unis était absolument inconnu dans notre pays, peut-être le faux raisonnement du Journal serait-il un peu moins faux ; bien que, même dans ce cas, notre article eût été pleinement justifié par les réclames de certains journaux canadiens en faveur de l’immonde feuille new-yorkaise. Mais comme question de fait, le Courrier des États-Unis est répandu par centaines — le Monde dit par milliers — d’exemplaires au Canada. En supposant donc que notre article ait pu excité la curiosité chez certains gens à l’esprit malade — ce qui est fort problématique, attendu que notre journal n’est guère lu par ces gens là — nous avons la certitude que nos remarques ont mis plus d’un père de famille sur ses gardes.

Voilà la seule objection, nous ne dirons pas sérieuse, mais spécieuse, que le Journal ait pu opposer à notre écrit. Le reste de son article est tout simplement d’une faiblesse pitoyable. Dire que nous ne sommes pas le délégué de la Congrégation de l’Index et que, par conséquent, nous n’avons pas le droit de jeter un cri d’alarme lorsque nous voyons les mauvais feuilletons inonder notre pays, c’est se moquer des gens ; prétendre que nous donnons un mauvais exemple en flétrissant les immondices du Courrier, c’est faire rire de soi ; trouver plaisant que nous nous imposions la tâche écœurante de lire deux ou trois colonnes de pourriture pour pouvoir en parler avec connaissance de cause, c’est s’amuser à peu de frais.

La vérité dans toute cette affaire, c’est que le Journal de Québec a été convaincu d’avoir favorisé la propagation de la peste chez nous ; et au lieu d’avouer franchement sa faute et de chercher à la réparer de son