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MÉLANGES

qu’acquittée quand ce vieillard, cette pieuse mère de famille, ces petits enfants, auront prié pour vous.


LE CRÉDIT


18 août 1881


Nous extrayons ce qui suit d’un journal américain :


La moitié de l’inquiétude, de l’ennui et de la peine que l’homme endure en ce monde, provient de ce qu’il se met dans les dettes. On dirait que certaines personnes sont nées pour acheter et s’engager outre mesure aussi longtemps qu’elles ne sont pas tenues de payer comptant.

Donnez-leur une occasion d’acheter à crédit, et la question de paiement ne les embarrasse aucunement. Mais quelle moisson de trouble récolte celui qui sème des dettes ! Combien de chevelures sont blanchies et de vies abrégées, que de suicides et de meurtres sont provoqués par les dettes ! Et cependant, comme il est facile d’éviter ce terrible commencement de sa carrière, en se faisant une règle sévère de ne jamais s’endetter pour aucune raison.

N’achetez rien à moins d’avoir l’argent nécessaire pour payer. Ne faites pas attention à « l’occasion favorable, » à « la chance rare, » au « bon marché, » etc. : ce sont autant de pièges destinés à faire des victimes. Si vous voyez quelque chose qui vous plaise, commencez par regarder à votre bourse et trouvez-y votre décision. Payez toujours au fur et à mesure. Si vous manquez d’argent restreignez vos besoins en conséquence.


Nous conseillons fortement à nos lecteurs de garder avec soin cet extrait, et de le relire souvent.

Le luxe, on le sait, est un de nos défauts ; c’est le luxe qui dépeuple nos campagnes, qui oblige nos Canadiens de vendre leurs terres et de s’exiler. Mais le luxe est entretenu en grande partie par le « crédit. » S’il fallait payer toujours comptant, il y a une foule de choses dont on se dispenserait facilement. Mais on a du crédit, on s’endette peu à peu, on ne songe pas à