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AU CANADA

Dans les noms froid, étroit, adroit, droit et dans le verbe croire, la diphtongue oi se prononce le plus souvent en è, mais quelquefois en . Il en est de même dans noyer, nettoyer, et au subjonctif soit, soyons, etc., l’oi se prononce en ê. Il faut éviter une prononciation vicieuse de l’oi qui est commune même parmi les honnêtes gens à Paris, mais que tout le monde avoue être vicieuse : c’est de prononcer bois, poix, etc., comme s’il y avait bouas, pouas, au lieu de prononcer boès, poès.

Excentricité cléricale, dira-t-on.

Mais remarquez, s’il vous plaît, que le Père Buffier n’est pas seul de son avis. Mauvillon, dans son Cours complet de la langue française, publié en 1754, s’exprime comme suit, aux pages 54-55 du tome premier ;

J’ai dit que oi à la fin des mots doit se prononcer toujours comme la diphtongue … Il faut prendre garde de ne pas imiter le petit peuple de Paris qui prononce loi, poé, comme roa, loa.

Le même auteur, dans son Épître à monsieur le comte Maurice de Brühl, page 40 dit : “ Froid, Adroit, il croit, droit, étroit, endroit, soit, se prononcent, dans la conversation, frèd, adrèt, il crèt, drèt, étrèt, endrèt, sèt. ” Il ajoute que “ dans la poésie et le discours