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LA LANGUE FRANÇAISE

notre langage, ne proscrivons pas sans discernement les archaïsmes de mots et de prononciation qui l’embellissent aux yeux des véritables connaisseurs. Surtout, ne rougissons pas de ces archaïsmes, même lorsque, par amour de l’uniformité, nous croyons devoir en abandonner un certain nombre.

Je le répète, le français qui se parle dans nos campagnes du Canada n’est nullement un patois ; mais, le fût-il, que nous ne devrions pas en avoir honte. Certaines personnes semblent s’imaginer que patois et jargon sont synonymes. Rien n’est plus faux. Le patois — ou plutôt les patois, — car d’après Chapsal il y en a, en France, pas moins de quatre-vingt-dix — sont de véritables langues populaires, peu savantes, si l’on veut, mais possédant de grandes beautés, “ la franchise et la naïveté de la nature antique. ” selon l’expression d’un écrivain français. Ce sont les formes primitives du français moderne ; les premières trans-