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LA LANGUE FRANÇAISE

l’abandonner ? Ce serait donc le commencement de la fin : et notre absorption, notre disparition dans le gouffre du grand tout anglo-américain suivrait bientôt. Oh ! gardons-nous bien, tout en travaillant sans cesse à épurer notre langage ; gardons-nous de donner le moindre crédit à la thèse qui affirme que nous parlons un jargon méprisable.

Il faut déplorer, selon moi, la rage dédaigneuse que certains des nôtres, sous prétexte de corriger diverses fautes que nous commettons, déploient contre ce qu’ils appellent le canayen.

Oui, certes, la langue que nous parlons au Canada est bien la langue française, la belle langue française du grand siècle ; et nous avons le droit, je dirai volontiers, le devoir d’en être fiers.

N’allons pas, toutefois, tomber dans l’exagération opposée à celle que commettent ceux qui dénigrent notre langage. N’ayons pas la fatuité de croire que nous parlons mieux le français que nos