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LA LANGUE FRANÇAISE

et des Plantations une lettre où il disait : « Je me fais gloire d’avoir été accusé de protéger avec chaleur et fermeté les sujets canadiens du Roi et d’avoir fait tout en mon pouvoir pour gagner à mon royal maître les affections de ce brave et vaillant peuple. Si jamais ce peuple émigrait, ce serait une perte irréparable pour l’empire ; et, pour empêcher cette émigration, je le déclare à Vos Seigneuries, je m’exposerais volontiers à des calomnies et à des indignités plus grandes encore que celles que j’ai dû subir, si toutefois il est possible d’en inventer de plus grandes. » [1]

Dans cette même lettre, le général Murray déclare que « le juge choisi pour gagner les esprits des 75, 000 Canadiens, étrangers aux lois et au gouvernement de la Grande-Bretagne, avait été tiré d’une prison et ignorait aussi complètement la loi que la langue du peuple. » Il s’élève avec énergie contre la manière dont on remplissait les postes du gouvernement civil. On cédait les emplois aux plus hauts et derniers enchérisseurs, sans considérer les qualités des titulaires, « dont pas un seul, dit-il, ne comprend le langage des gens du pays. »

On le voit, le général Murray insis-

  1. British America, by John McGregor, 1833.