Page:Tardivel - La Langue française au Canada, 1901.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
AU CANADA

l’ont conservée ; ce sont eux qui ont forcé le vainqueur à la reconnaître comme langue de gouvernement.

Il faut dire aussi que la divine Providence les a singulièrement et visiblement aidés dans cette tâche à la fois patriotique et religieuse.

Dès les premières années de l’occupation du Canada par l’armée anglaise, les Canadiens-français, grâce à leur conduite digne et fière, avaient su mériter le respect et même l’affection du général Murray, qui, sous l’écorce rude du soldat, cachait une âme noble et loyale. Murray se fit le défenseur de ce peuple de paysans, abandonné de presque tout le monde, son clergé excepté, contre les aventuriers qui voulaient l’asservir, qui l’insultaient et l’exploitaient honteusement. Il s’en fit le défenseur au point de s’attirer la haine des bureaucrates anglais, qui s’étaient abattus sur le Canada comme sur une proie. Dès 1765, le général écrivit aux lords du Commerce