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Il nous affirmera qu’il est anxieux de plaire à ses lecteurs, ne se doutant pas que le mot anxieux renferme l’idée de crainte, d’inquiétude et que c’est désireux qu’il aurait dû employer. A-t-il eu une entrevue avec le premier ministre, il dira qu’il l’a approché, comme si c’était une bête féroce. Il déplorera la destitution des classes pauvres, voulant sans doute dire leur misère ; il nous dira que les protestants sont « divisés de nous par la religion, » tandis que c’est séparés qu’il faut. Il emploiera l’expression en autant que, qui n’est pas française, au lieu de en tant que ou autant que. Il parlera de Sa Grâce Mgr l’Archevêque, et si vous lui demandez pourquoi, il vous répondra que Sa Grâce se dit des archevêques et Sa Grandeur des évêques, tandis que Sa Grandeur doit se dire des deux. « Sa Grâce — His Grace » se dit des ducs en Angleterre. S’il visite une paroisse voisine il écrira à son journal qu’il y a vu un grand nombre de « familles confortables, » ou qui sont dans des « circonstances aisées — in easy circumstances. » Confortable ne se dit que des choses et « une personne à l’aise, » est bien plus français qu’une « personne dans des circonstances aisées. » Il contrastera sa conduite et celle de son adversaire, au lieu de les faire contraster. De retour d’une promenade vous allez lui rendre visite ; il vous posera invariablement cette question : « Comment vous êtes-vous amusé ? » Et si, répondant à sa question, vous dîtes que vous êtes allé à la chasse ou à la pêche, il vous fera comprendre qu’il n’a pas voulu savoir de quelle manière vous vous êtes pris pour vous amuser, mais si vous vous êtes bien amusé.

Non content de tous ces péchés contre la langue,