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duit par « rédacteur, » et le mot « éditeur » par publisher. Il faut donc dire : « correspondance, note de la rédaction ; article de rédaction, article de fond, premier-Québec, premier-Montréal. »

Nos journaux les mieux rédigés sont remplis d’anglicismes et les rédacteurs qui posent en puristes en commettent à chaque instant. Ainsi, il n’y a pas bien longtemps, un rédacteur de plusieurs années d’expérience m’a affirmé très sérieusement que l’on doit dire que M. X. a marié Mlle Z. Je lui ai fait voir, autorités en main, qu’il faut : « se marier à une telle, » ou « épouser une telle ; » mais en journaliste convaincu il n’a point voulu se rendre, même à l’évidence.

Dans les colonnes d’annonces on trouve, à part une foule de barbarismes, des anglicismes comme ceux-ci : « Marchandises sèches » pour « nouveautés » ; « prix chers » pour « prix élevés » ; des objets « patentés » au lieu de « brevetés » ; « cuir à patente, » pour « cuir verni » ; « office » pour « bureau » ; « homme d’affaires » au lieu de « négociant » — Homme d’affaires se prend presque toujours en mauvaise part ; — « hardes faites » au lieu de « hardes » tout simplement. Des hardes sont nécessairement faites. On trouvera encore des expressions comme celles ci : « Pour la convenance » des acheteurs, au lieu de la « commodité » ; « huile de castor » pour « huile de ricin » ; « compétition » au lieu de « concurrence » ; « charger » tel prix au lieu de « demander » tel prix ; du « change, » pour de la « monnaie » ; « balance en mains » au lieu de « balance en caisse. »

Si des colonnes d’annonces nous passons aux faits divers et aux nouvelles diverses, nous nous trou-