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Avant de quitter la législature, relevons quelques autres incorrections de langage en vogue parmi les mandataires du peuple.

Lorsqu’une motion est adoptée on a l’habitude de dire qu’elle est « emportée », carried. Un député ne se gêne pas d’affirmer que la « cabale » s’est faite d’une manière honorable dans son comté. C’est une contradiction dans les termes, car le mot cabale se prend nécessairement en mauvaise part et signifie : Intrigue ténébreuse. Pour rendre le mot anglais canvass il faut une périphrase. On entend souvent dire : « en chambre » pour « à la chambre » ou « devant la chambre. » Je vous renvoie aux dictionnaires pour la signification des mots : « en chambre. » Tout ce que je puis vous dire c’est qu’ils ne sont pas du tout parlementaires. Pendant que vous êtes à consulter les dictionnaires, ayez la bonté de constater ce que signifient les mots : « en amour » et je suis certain que vous ne les emploierez plus jamais dans le sens « d’amoureux. » Mais nous sommes loin de nos députés qui parlent assez rarement d’amour. Ils sont plutôt portés à « corriger » leurs adversaires ; mais il ne faut pas croire qu’ils veuillent dire par là qu’ils vont infliger un châtiment corporel à leurs contradicteurs. Non, c’est seulement un anglicisme qu’ils commettent : To correct some one : c’est-à-dire, rétablir les faits dénaturés par quelqu’un.

Quand le gouvernement déclare qu’il a pris telle question « sous considération, » il se rend toujours coupable d’un anglicisme, et quelquefois d’une légère entaille à la vérité par-dessus le marché. Si l’on voulait respecter le français on dirait que l’on