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vérité de mes remarques en référant au rapport du discours que l’honorable Premier a prononcé l’an dernier. Je proposerai donc, une motion en amendement. »

Sans attendre sa motion, jetons un coup d’œil sur son français.

« Adresser la chambre, » « adresser une assemblée. » Que nous entendons souvent ces expressions incorrectes ! C’est « adresser la parole à la Chambre, à une assemblée » qu’il faut. « Affecter » dans le sens « d’influencer, » est un anglicisme qui se rencontre souvent ; il en est de même de « sous les circonstances » au lieu de « dans les circonstances. »

On fait un étrange abus du mot « coalition. » Pour qu’il y ait « coalition » il faut qu’il existe trois partis au moins. Deux ou plusieurs groupes peuvent se coaliser contre le ministère ou contre l’opposition ; mais lorsque deux partis s’unissent, c’est une fusion qui s’opère.

« Je comprends,» — I understand pour j’ai appris, ou « on m’apprend » est une locution essentiellement anglaise et assez usitée. Ne disons pas « entretenir » une opinion, un espoir, des craintes dans le sens « d’avoir » une opinion, un espoir ou des craintes. On peut, il est vrai, entretenir la bonne opinion que notre voisin a de nous, on peut entretenir ses espérances en lui faisant des promesses, ou ses craintes en le menaçant, mais c’est là un tout autre ordre d’idées.

« Initier » une politique, un système dans un pays, pour « l’inaugurer, » « l’implanter », « l’introduire, » est, sinon un anglicisme, une expression fort incorrecte. On initie quelqu’un à ou dans une chose, voilà tout.