Page:Tardivel - L'anglicisme voilà l'ennemi - causerie faite au Cercle catholique de Québec, le 17 décembre 1879, 1880.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’avoir, depuis son accession au pouvoir, appointé une foule de personnes à des sinécures et d’avoir déchargé arbitrairement des employés fidèles ; on accuse de plus les aviseurs actuels de la couronne d’avoir négligé la collection du revenu, d’avoir abandonné les travaux en contemplation ou de les avoir donnés à des contracteurs qui n’étaient pas qualifiés, et de n’avoir pas pourvu à la complétion des chemins de fer. Si la moitié de tout cela était vraie, le gouvernement serait une disgrâce pour le pays. Mais je demanderai une question aux honorables députés de l’autre côté de la chambre : Sont-ils capables de prouver leurs avancés ? Vous pouvez dépendre, M. le président, que si ces messieurs avaient été en état de prouver leurs accusations, ils auraient pris les démarches nécessaires pour obtenir une enquête. Du moins, c’est comme cela que la chose me frappe. »

Voilà de la vraie éloquence parlementaire. C’est encore plus naturel que le premier discours, parce que c’est moins français ; et pourtant mon homme a soigneusement évité tous les anglicismes déjà signalés. Pénétrons un peu dans ces broussailles.

Une « appropriation » dans le sens de « crédit » est un anglicisme. On dit souvent des « octrois » ; cela est incorrect, c’est « subventions » qu’il faut : « Des argents octroyés — monies granted » ne doit pas se dire non plus pour : « des sommes d’argent ou des deniers votés. » Disons aussi « avènement au pouvoir » et non « accession. » « Appointer » quelqu’un pour « nommer », « appointement » pour « nomination, » ainsi que « décharger » dans le sens de « congédier, » « destituer, » sont des anglicismes qui font frémir. On chercherait en vain dans les dictionnaires le mot « aviseur ; » ce