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On ne doit pas dire « rappeler » une loi ou le « rappel » d’une loi, c’est « abroger, abrogation » qu’il faut. On « rappelle » un ambassadeur, un consul. « Rappeler » une loi signifie : Remettre en vigueur une loi qui est devenue lettre morte.

« Partisannerie, » très-usité depuis quelque temps, est un barbarisme ; le mot n’existe pas. Disons « esprit de parti. » C’est une chose qu’il convient de nommer par son véritable nom, attendu que nous avons souvent l’occasion d’en parler.

« Responsable à ». « Un gouvernement responsable au peuple — A government responsible to the people. » Voilà, m’assure-t-on, un anglicisme du meilleur aloi. Le jour où l’on m’a brusquement ouvert les yeux à cette vérité, j’ai bondi littéralement, car je venais d’employer ce mot dans un article que j’avais signé et il était trop tard pour arrêter l’impression du journal. Je me suis consolé un peu en pensant que personne ne s’en apercevrait, car cet anglicisme, je crois, est absolument universel. On est responsable d’une chose et envers ou devant quelqu’un.

« Constituants » pour « commettants » ou « électeurs » est un anglicisme très répandu. « En contravention avec, » « en conformité avec, » s’emploient très-souvent au lieu de « en contravention à » et « en conformité de. »

Comme vous le voyez, il ne reste pas grand’chose du discours de mon député. Il n’est pas fort ce député. Écoutons un autre :

« M. le président : — On accuse le gouvernement d’avoir fait un mauvais usage des appropriations votées à la dernière session, d’avoir mal employé les argents octroyés à la colonisation ; on l’accuse aussi