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Cournot s’efforce de montrer que la distinction des valeurs positives et négatives a son fondement « dans la nature des grandeurs à origine », et il cite l’exemple du temps, ou nous choisissons un événement remarquable, tel que la naissance du Christ, comme point de départ en chronologie, de telle sorte que les signes + et - s’appliquent très bien à la date des faits postérieurs ou antérieurs à cet événement. Mais la distinction dont il s’agit à tout aussi bien pu être suggérée par l’observation des grandeurs dont l’origine n’a rien d’arbitraire : l’accroissement de l’actif ou du passif d’un négociant, le rayonnement de la lumière d’une lampe à droite ou à gauche, etc. À vrai dire, les quantités négatives ne s’appliquent au temps que moyennant une certaine violence faite à sa nature, qui ne comporte pas d’opposition vraie ; tandis que le mouvement, et, en général, tout changement autre que le simple changement de temps, est riche en oppositions naturelles. — Les caractères des êtres vivants fournissent aussi des exemples nombreux de grandeurs à origine naturelle, sous un faux air arbitraire. Rien de plus arbitraire en apparence que le chiffre par lequel s’exprime le poids normal ou la taille normale d’un homme : il n’en est pas moins vrai que cette expression numérique répond à une réalité des plus importantes, et que toutes les variations individuelles qui consistent à s’élever au-dessus et à descendre au-dessous du niveau spécifique indique de la sorte sont des anomalies réellement opposées. L’état zéro qui les sépare, c’est précisément la taille normale ou le poids normal ; nous aurions aussi bien pu dire l’indice céphalique normal, etc.

Le monde social, à mesure qu’il se régularise et s’organise, fournit