Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

partagera ce triangle en deux moitiés semblables et inverses ; et, si l’on suppose que l’un de ces deux petits triangles rectangles tourne, par un mouvement de charnière, autour de la perpendiculaire, on pourra dire qu’ils sont opposés, en ce sens que l’un d’eux est tracé par un mouvement tournant de gauche à droite et l’autre par un mouvement pareil de droite à gauche. Mais cette hypothèse ne s’impose point ; et, si l’on en fait une autre, plus naturelle, à savoir que les trois côté dont chacun d’eux est formé expriment, par leur longueur et par leurs angles, l’intensité et la direction des trois forces, on voit alors qu’une seule de ces trois forces, dans chacun d’eux, est neutralisée par la force correspondante de l’autre, mais que, des deux autres, l’une, celle qui est symbolisée par la perpendiculaire médiane, est semblablement dirigée dans les deux triangles, et l’autre, celle qui est représentée par l’hypoténuse, suit une direction, non pas inverse de l’hypoténuse correspondante mais convergente vers celle-ci, ou en divergeant. Il y a ici concours, nous dirions presque collaboration, il n’y a point opposition. — Or, n’en est-il pas de même des deux moitiés symétriques du corps de l’homme ou de tout autre animal ? L’animal à deux yeux symétriques, mais dont les deux regards sont faits pour se rejoindre suivant un angle plus ou moins aigu ; les deux bras sont faits pour saisir un objet et l’étreindre, pour collaborer, non pour se combattre ; les deux jambes s’écartent, non point en deux sens contraires sur une même ligne, mais suivant deux lignes différentes qui font entre elles un certain angle ; en un mot, tous les organes doubles coopèrent à un acte extérieur qui appelle leur force en avant et l’empêche de se neutraliser en luttant contre elle-même.