soit produit une action contraire à celle qui avait cause son augmentation ? Et, pour qu’une série d’apparitions phénoménales quelconques, après s’être déroulée, se déroule inversement, ne faut-il pas admettre aussi l’exercice d’une force égale et contraire à celle qui a occasionné son premier déroulement ? Cela paraît certain ; et voilà pourquoi nous avons dit ci-dessus que toutes les oppositions statiques ont une origine dynamique. Mais encore ne faut-il pas tout brouiller et identifier la cause avec ses effets. Les idées de force, de quantité et d’ordre n’en restent pas moins bien distinctes et irréductibles les unes aux autres ; et pas plus qu’à l’idée de quantité et de série, l’idée d’opposition n’est inhérente nécessairement à l’idée de force. L’opposition dynamique implique non seulement l’existence des forces, mais encore une constitution telle du milieu ou elles se déploient, que leur combat y soit possible.
Si l’espace comme le temps n’avait qu’une seule dimension et, qui plus est, qu’une seule direction, suivant laquelle s’accompliraient les mouvements plus ou moins rapides de tous les corps de l’univers, absolument incapables de rétrogradation ou de déviation quelconque ; si l’esprit, semblablement rétréci et orienté, avait une nature telle, que, après avoir affirmé une thèse ou voulu un projet, les divers moi, affirmant ou voulant à la fois avec plus ou moins d’énergie, ne pourraient nier cette thèse ni vouloir le non-accomplissement de ce projet ; il est certain que, dans un monde ainsi fait il y aurait encore des chocs mécaniques et psychologiques, quand le mobile plus rapide pousserait de par-derrière le plus lent, ou quand le croyant plus fervent réchaufferait le croyant plus