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se rencontrent soit à la fois soit successivement dans un même être, on conçoit très bien en ce sens l’addition du positif et du négatif à l’usage des géomètres. Mais, si par le négatif on entend simplement le moins, ajouter le moins au plus est une contradiction dans les termes ; c’est comme si l’on disait que la diminution d’un chose l’augmente ou que son augmentation la diminue. On a eu sans doute dans la pratique d’excellentes raisons de maintenir les symboles usités en mathématiques ; mais il est bon de signaler leur impropriété fréquente qui tient à une confusion inaperçue.

Le caractère singulier de l’opposition qui nous occupe ressort vivement si l’on observe qu’un grand nombre de propriétés, quoique susceptibles d’augmentations ou de diminutions positives, ne comportent point d’augmentations ni de diminutions négatives correspondantes. Exemple : le volume d’un corps, la conscience d’une personne. Que serait le plus ou moins d’inétendue, de non-volume ? Et que serait le plus ou moins d’inconscience, en dépit d’un psychophysicien qui a risqué cette hypothèse inintelligible ? Pareillement, la vitalité est certainement une grandeur que nous sentons croître ou décroître en nous ; mais, quand elle a fini de décroître, sommes-nous plus morts un an après notre mort qu’au moment où nous venons de rendre notre dernier soupir ?

En continuant à énumérer ces exceptions, nous allons vite en dégager le sens, nous allons voir que ces qualités positives auxquelles s’oppose bien leur propre négation, mais non des qualités négatives, images renversées d’elles-mêmes, sont des termes abstraits et génériques, qui embrassent chacun une infinité d’oppositions dynamiques. Revenons sur cette considération