Deux choses semblables s’additionnent ; deux choses différentes se co-adaptent ; deux choses opposées se détruisent. Est-ce que l’adaptation n’apparaît pas ici comme un milieu entre l’addition et la destruction, une combinaison hybride des deux, sans rien d’original, en sorte que, ôté ce qu’elle a de répétiteur, et ôté ce qu’elle a de destructeur, elle serait vidée de tout son contenu ? Ainsi, l’idée de différence, qui est liée à celle d’adaptation, se résoudrait en similitudes et en oppositions combinées ensemble, et n’exprimerait rien de plus que cette étrange association. Mais comment cette synthèse serait-elle possible, comment la contradiction des deux éléments réunis dans la notion de différence et d’adaptation serait-elle évitée (comme nous sentons bien qu’elle l’est, car autrement la fécondité de cette idée serait inconcevable), si, par un certain côté qui nous échappe, la nature de cette notion ne l’élevait au-dessus de ses deux éléments soi-disant exclusifs ? C’est l’addition qui s’explique par l’adaptation, dont elle n’est qu’une forme élémentaire ; mais l’adaptation ne s’explique pas par l’addition. Est-ce que l’opposition, de même, ne s’éclaircit pas bien mieux par l’adaptation que celle-ci n’est éclairée par celle-là ? Il est on ne peut plus aisé de ramener toute opposition à une adaptation, tandis qu’il est toujours difficile, et souvent impossible, de considérer comme opposés les termes co-adaptés. Non seulement il est loisible, mais il est même avantageux de résoudre l’opposition en adaptation.
En se plaçant à ce point de vue, on comprend moins malaisément, ce me semble, certaines conséquences de la loi de la réaction égale et contraire à l’action, qui ont paru mystérieuses, nous le savons, aux géomètres philosophes. Pourquoi,