comme il est clair cependant que nous possédons l’idée de simultanéité, on explique sa formation par l’hypothèse d’états successifs dont l’ordre serait aisément renversable. La simultanéité serait donc, en somme, l’état zéro traversé par deux successions inverses. Mais le point de départ est faux ; et, quoique mise en avant par des psychologues associationnistes, l’allégation que la conscience est incapable de saisir deux choses à la fois a le malheur d’atteindre au cœur le système de l’association. Car comment deux idées pourraient-elles jamais s’unir et se souder dans un esprit où elles ne coexisteraient jamais ?
Dans une certaine mesure, en tant qu’une convergence et une divergence sont opposées, on peut dire qu’il y a une vague opposition entre l’ensemble des actions convergentes qui, depuis l’éternité écoulée, sont venues aboutir à mon « état d’âme » très spécial en ce moment, et l’ensemble des actions divergentes que cet état d’âme va produire invisiblement et ramifier à l’infini pendant toute l’éternité future. Tout état individuel peut être considère ainsi comme le simple point d’intersection de deux faisceaux d’actions convergentes et divergentes. La sensation apparaît, à ce point de vue, comme l’état zéro d’une activité ambiante qui passe à son développement renversé. Aussi n’est-elle en soi opposable à rien. Mais nous avons dit qu’elle peut devenir en apparence susceptible d’oppositions en servant de point d’application à la force croyante ou à la force désireuse de l’âme. C’est parce que la vue du blanc est désirée en général à peu près autant que la vue du noir est repoussée, que ces deux couleurs s’opposent l’une à l’autre. Si deux autres couleurs quelconques,