Droit, varie considérablement d’un siècle à un autre, et que, chez les Anciens, le capital le plus important de vérité, de beaucoup le plus important, était de nature linguistique et religieuse, ce qui explique notamment le caractère tout grammatical des spéculations de la métaphysique grecque. La langue était le trésor magique où l’on fouillait pour trouver la clef de tous les problèmes, comme nous fouillons le sol pour savoir les secrets de la géologie. Chez les enfants, la langue conserve cette puissance de fascination et absorbe la plus grande proportion de la croyance, attachée au sens des mots.
Y aurait-il un sens à ces déplacements séculaires de la vérité majeure, tour à tour incarnée dans les mythes et les vers, dans les formules de Droit, dans les maximes morales, dans les règles de l’art ? Il le semble. Et, si l’on compare les deux synthèses que j’ai rapprochées, il semble aussi que le progrès des lumières précède le progrès des richesses plutôt qu’il ne le suit. Mais laissons ces questions.
La statistique sociale, j’ai cru le montrer ailleurs[1], ne doit jamais perdre de vue sa mission propre, qui est de mesurer le plus exactement possible, par tous les procédés directs ou indirects à sa portée, la propagation imitative d’une croyance ou d’un désir, d’une idée ou d’une espèce d’acte. Mais elle présente à cet égard de grandes lacunes, dont quelques-unes ne seront peut-être jamais comblées, et qui s’expliquent soit par l’inutilité pratique, apparente ou réelle, de certains enregistrements, soit par la difficulté pratique
- ↑ Je me permets de renvoyer le lecteur aux Lois de l’Imitation, chap. sur l’archéologie et la statistique (Qu’est-ce que l’histoire ?).