psychologiques, mais elles en diffèrent, d’abord parce qu’elles supposent et affirment l’homogénéité des croyances et des désirs des individus distincts dont elles sont le faisceau vivant ; ensuite, parce que ce qui les caractérise, c’est la communicabilité de ces croyances et de ces désirs de cerveau à cerveau. La vérité n’est pas autre chose. La quantité psychologique, c’est la croyance ou le désir en tant que passant ou susceptible de passer, dans le même individu, d’un groupe de sensations ou d’images à un autre groupe, sans s’altérer à fond. La quantité sociale, c’est la croyance ou le désir en tant que communiqué ou communicable d’un individu à d’autres individus sans changer de nature. En s’accumulant dans l’individu, la croyance devient conviction ; en se répandant et s’intensifiant dans les masses, elle prend le nom de vérité[1]. Ce nom est justifié si l’idée jugée vraie est non seulement la plus répandue, mais la plus apte à se répandre universellement en dépit de toutes les contradictions : car cette aptitude n’appartient qu’aux idées scientifiquement, expérimentalement démontrées. — Le désir d’une chose, en s’accumulant dans l’individu, devient besoin spécial de cette chose ; en se répandant au dehors dans un groupe de gens, il devient valeur de cette chose. Par la connaissance que chacun a que cette chose est désirée ou désirable par autrui, ou par le jugement que chacun porte sur l’aptitude de cette chose à satisfaire un désir de soi-même ou d’autrui, il s’opère ici une combinaison de croyance et de désir qui est
- ↑ Rappelons que la conviction individuelle vient de la vérité, chose sociale, bien plutôt que celle-ci de celle-là. Il est infiniment rare qu’on soit convaincu tout seul sans savoir que d’autres le sont aussi ou pourraient l’étre.