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variations accumulées de l’autre en un certain sens, et l’autre de même comme la limite de ces mêmes variations accumulées en sens inverse, sans qu’il ait fallu traverser un état neutre pour passer de l’un à l’autre, ces deux termes sont hétérogènes, ils ne sont pas opposés. On peut concevoir, en botanique, un organe floral quelconque, pétale, étamine, pistil, comme l’extrême limite des modifications successives d’une feuille, dirigées d’une certaine façon ; et on pourrait aussi bien se représenter une feuille quelconque comme l’extrême limite des modifications successives, et inversement dirigées, d’un organe floral. De même, il n’est pas de type vivant qu’on ne puisse rattacher par une conception analogue à n’importe quel autre type, conception tantôt conforme à la véritable filiation de ces types, tantôt imaginaire, mais toujours légitimement imaginable. Autant vaut dire que les espèces vivantes ou la fleur et la feuille des végétaux diffèrent de nature. Le spectre solaire nous présente des couleurs tranchées, séparées par une continuité de nuances intermédiaires ; donc ces couleurs sont radicalement distinctes. Pareillement, lorsqu’il s’agit de ce genre singulier de variation qui s’appelle augmentation et diminution, il est permis de regarder, par exemple, une parabole comme la limite des allongements du grand axe d’une ellipse ; ce qui signifie que l’ellipse et la parabole, quoique procédant l’une de l’autre, diffèrent du tout au tout, infiniment, et ne sont pas deux figures opposables. Ici, du reste, nous voyons un exemple frappant du rapport qui unit les variations qualitatives et les variations quantitatives ; rapport qui, sous des formes nouvelles, se reproduit aux étages supérieurs de la connaissance,