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Mais ce sont là des grandeurs dérivées et complexes, où le physique et le vital se mêlent au social ainsi que l’hétérogène à l’homogène, et il importe de dégager ce qu’il y a en elles de vraiment quantitatif et de vraiment social. Dirons-nous que ce quelque chose est l’une ou l’autre des deux quantités psychologiques que nous connaissons, la croyance et le désir ? Non ; car, bien que ces deux quantités psychologiques se rencontrent toujours combinées et sommées dans les quantités sociales, celles-ci s’en distinguent profondément, précisément parce qu’elles en dérivent et qu’elles en sont l’addition et la combinaison : l’addition, grâce à la propagation imitative, la combinaison, grâce à la logique. Ce n’est pas même, à proprement parler, remarquons-le, parce qu’il existe des quantités psychologiques, qu’il existe des quantités sociales ; mais c’est parce qu’il existe des choses mentales, soit quantitatives, soit qualitatives même, qui se répètent, et s’additionnent en se répétant. Alors même que tout serait affectif et sensationnel en chacun de nous, sans rien d’homogène, il suffirait à nos cerveaux de s’entre-refléter, de se communiquer les uns aux autres leurs états d’âme, pour que la propagation imitative de chacun de ces états devint une grandeur exprimable en nombres, croissant ou décroissant régulièrement. Au fond, sommes-nous jamais sûrs, même en physique, que sous les quantités mesurées par nous, intensité d’une lumière ou hauteur d’un son, ne se dissimulent pas des réalités compliquées, pittoresques, mais plus ou moins semblables et répétées en nombres toujours si élevés, que leur discontinuité réelle prend un faux air de continuité ? En chimie, il est bien probable que les éléments