l’humanité[1]. C’est toujours dans des enclos, il est vrai, que la civilisation fleurit depuis ses plus humbles jusqu’à ses plus hautes fleurs, en vertu du penchant de l’homme à se recueillir finalement dans l’imitation-coutume, dans l’imitation héréditaire, harmonie du social et du vital ; mais c’est dans des enclos dont les murs se renversent de temps en temps et ne se redressent qu’en se reculant d’âge en âge. On n’a pas eu tort de dire qu’après s’être resserrée dans un bassin de fleuve, elle s’était déployée ensuite dans le bassin d’une mer intérieure, et qu’elle aspirait maintenant à embrasser plusieurs océans. Ce caractère successivement fluviatile, méditerranéen, océanique de la civilisation, s’explique parfaitement d’après ce que nous venons de dire. — Je me borne à constater que les séries imposées par les lois de l’imitation sont, autant et plus nettement encore que les séries, produites par les lois de l’invention, irréversibles.
V
Le rapport de l’ordre au progrès dans nos sociétés, si l’on admet que le premier est pour le second, est propre à confirmer la subordination de
- ↑ Les conséquences économiques de cette assimilation graduelle des besoins et des idées sont incalculables. La première condition pour que l’atelier familial devienne atelier vicinal, puis manufacture, puis machinofacture, c’est que les besoins de consommation correspondante se soient assimilés entre voisins, entre concitoyens, entre compatriotes, entre contemporains...