enchevêtrée, la rétrogradation n’a rien d’invraisemblable.
Après l’ordre d’apparition des découvertes et des inventions, la seconde cause principale de l’évolution économique, c’est l’ordre de leur propagation successive parmi les hommes. J’ai dit dans mes Lots de l’Imitation, et je n’y reviendrai pas, comment elles se propagent suivant certaines pentes générales qui favorisent la diffusion imitative des unes au détriment des autres, toutes aspirant d’ailleurs à une progression géométrique et s’alliant ou se combattant pour la conquête. On les voit notamment se répandre de haut en bas de la nation, soit de l’élite aristocratique aux couches moyennes et populaires, soit des capitales aux grandes et petites villes et aux campagnes ; et on voit, dans le groupe fraternel des nations d’une même civilisation chrétienne, islamique, bouddhique, une nation donner toujours le ton aux autres, qui reçoivent plus d’exemples d’elle qu’elles ne lui offrent de modèles. C’est en vertu de cette loi que, comme l’a remarqué Roscher, la production industrielle, chez les Anciens, a débuté par les industries de luxe, et qu’il en a été de même dans les temps modernes, où les manufactures répondant à des besoins aristocratiques ont précédé les fabriques et les usines consacrées à des articles de première nécessité. — J’ai cru montrer aussi que l’exercice de l’imitation conformément à ses lois, le croisement et l’élargissement continuels des exemples, l’alternance de l’imitation-mode et de l’imitation-coutume, avaient pour résultat nécessaire d’agrandir continuellement le champ social, d’abord réduit à la famille ou au clan, puis à la cité, puis à une petite nation, et étendu enfin à une fédération ou à un vaste Empire, sinon à toute