En disparaissant, elles ont cédé à un besoin d’utilitarisme linguistique qui traitait le langage comme un simple moyen de communication, non comme une œuvre d’art. Il y a là une application entre mille de la loi psychosociologique qui veut que tout ce qui a commencé par être fin devienne moyen, que tout ce qui a commencé par être proposition devienne notion, et non vice versa.
Classées d’après leurs organes d’émission, les articulations se divisent en labiales, dentales et gutturales ; et, d’après leur force d’émission, en faibles, fortes et aspirées. Ces diverses classes de lettres concourent, très inégalement et très arbitrairement dans chaque idiome, à son orchestration particulière pour ainsi parler. Mais on a remarqué que, dans leur permutation d’un idiome à un autre, sans sortir des bornes d’une même famille, elles suivent certaines voies régulières que les linguistes ont formulées. Et il se trouve que ces voies sont circulaires, ce qui ne veut pas dire qu’il y ait réversion, car jamais, à notre connaissance, le cercle dont il s’agit n’est parcouru en sens inverse. « En passant, dit Eichoff, du domaine indien, grec, romain ou slavon, dans le domaine germanique, la faible se change en forte, la forte en aspirée, et l’aspirée en faible. » Voit-on la faible, au contraire, se changer en aspirée, et l’aspirée en forte ? Non, en général. On peut, il est vrai, exprimer cette loi d’une autre manière, et dire que, « en passant du domaine germanique au domaine indien, grec, romain, la faible se change en aspirée, l’aspirée en forte, et la forte en faible », mais alors, c’est l’inverse de cette rotation de métamorphoses qui sera contraire aux faits.