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l’attribuer soit à une phrase ou prière consacrée par les navigateurs phéniciens, soit à la série des astérismes lunaires que les Chaldéens préposaient à chaque jour du mois, comme plus tard douze constellations formèrent le zodiaque de l’année. » Quelle que soit l’explication vraie, voilà, en tout cas, une coïncidence des plus fortuites qui a été la source d’une des régularités les plus invariables et les plus persistantes de la mémoire humaine.

— On comprend mieux la persistance, dans chaque langue, de l’ordre habituel des mots, car il est, comme le dit très bien M. Raoul de la Grasserie, caractéristique de l’esprit d’un peuple. « Le sujet et ses compléments, puis le verbe et les siens, en commençant par le direct et finissant par les indirects et les circonstanciels », voilà l’ordre français. Et il n’est pour ainsi dire jamais renversé dans notre langue. L’ordre allemand, également presque irréversible en allemand, est presque inverse. « On peut affirmer sans aucune exagération que le français et l’allemand pensent dans un ordre absolument contraire, et que, quand ils veulent former non pas encore dans leurs paroles mais dans leur esprit, la même pensée entière, ils la déroulent en sens opposé. » Quoi qu’en dise l’auteur cité, cette assertion est visiblement exagérée. Dans la mesure où elle est vraie, on peut se demander si ces deux ordres presque opposés sont également naturels, et à cette question il est malaisé de donner une réponse appuyée sur des preuves. Sayce, il est vrai, la prétend résolue[1] par l’observation des sourds-muets qui

  1. Principes de philologie comparée, trad. fr., p. 263.