nés de leurs voisins ; ils peuvent être imitateurs d’idées quoiqu’initiateurs d’actes, comme les Romains, ou, inversement, être bien plus inventifs d’esprit que de volonté, par exemple, les Grecs. D’autre part, les peuples inventifs et entreprenants, imaginatifs et actifs, ne doivent pas être confondus avec les peuples qui ont plus de goût encore que d’imagination, plus de force de résistance que d’audace et de persévérance dans les projets. Enfin, n’y a-t-il pas les peuples gais et les peuples tristes, les peuples nés enthousiastes et les peuples nés découragés ? Mais, avant tout, ce qui frappe, à regarder les races nationales, n’est-ce pas la diversité de leur physionomie, la singularité unique en soi de leur visage collectif, aussi reconnaissable entre mille que le visage individuel le plus marqué ?
XV
Nous avons été conduit à nous occuper des types psychologiques et de leurs oppositions réelles ou imaginaires, à propos des jugements et des desseins en apparence a priori dont ils expliquent la formation. Terminons ce chapitre en nous occupant plus spécialement des jugements, des notions, et de leurs oppositions vraies ou apparentes.
Ici, il semble que j’aurai à traiter surtout des fameuses antinomies de Kant. Mais elles ont été discutées si souvent, et si vainement agitées, que je m’en dispense. Il suffira de rappeler que, d’après le grand penseur allemand, elles consistent en une sorte de lutte héroïque que se livreraient éternellement