n’être pas contredite par le savoir. Ce qui subsiste, chez le philosophe qui a perçu ou cru percevoir le démenti donné par telle ou telle science à tel ou tel dogme, ce n’est point la foi religieuse mais le sentiment religieux, la tendance à regretter la foi perdue. Combien de gens ne croient pas qui de tout leur cœur désireraient croire ! Autre considération : on voit des personnes très autoritaires, très volontaires, âprement désireuses, présenter un grand scepticisme, un état fréquent de doute. On voit l’inverse encore plus souvent, des dogmatiques dénués de caractère et d’énergie. Tel qui a l’esprit tranchant à la volonté hésitante. Il est très rare d’être habituellement douteur et irrésolu au même degré. — L’erreur inverse consiste à prétendre que les croyances et les désirs évoluent séparément sans jamais s’influencer, comme deux rivières parallèles, sans canaux ni confluents.
Chose étrange, je la trouve implicitement sous la plume de psychologues qui sont tombés dans l’erreur précédente : après avoir asservi la croyance au désir, ils admettent que la logique des idées n’a rien à voir avec celle des sentiments. Nous savons cependant que le syllogisme téléologique, et aussi bien sentimental, ne diffère point du syllogisme logique si ce n’est par l’addition d’une volonté et que l’une de ses prémisses est empruntée aux résultats fournis par le travail intellectuel. — Enfin, la croyance et le désir, qui contiennent des oppositions, n’en forment pas une à eux deux. On aurait tort, en effet, de ramener la croyance à une action centripète des nerfs sensitifs au cerveau, et le désir à une action centrifuge du cerveau aux nerfs moteurs. Ce serait répéter ce qui a été déjà réfuté plus