de toucher et de prendre des objets quelconques. De même, inversement, chaque fois qu’il s’éloigne ou tend à s’éloigner d’un objet, il ressent pour lui un embryon de haine. Je ne puis comprendre comment, sans un atome d’affection de ce genre, s’expliquerait le penchant si précoce à l’imitation.
Exposer, même sommairement, les destinées de la sympathie et de l’antipathie, leurs œuvres sociales, leur rivalité, leurs conflits sanglants, les péripéties de leurs reculs et de leurs progrès, leurs importantes délimitations de frontières - qui vont se déplaçant en somme dans le sens d’un agrandissement incessant de la sympathie et d’un resserrement de l’antipathie, — ce serait faire un traite complet de sociologie. Je n’y puis songer dans cet ouvrage, et je me borne à cette indication, qui suffit à montrer la dissymétrie croissante et féconde de ces deux sentiments.
Il semble, à première vue, que l’amour sexuel n’ait pas d’opposé. À quelle haine du même ordre, sexuelle aussi, érotique aussi, ferait-il pendant ? Dira-t-on que cette symétrie existe seulement chez les animaux qui, après avoir possédé la femelle, la dévorent, ou chez les sauvages dont le rut est suivi d’une exaspération féroce contre la femme même qui en a été victime, ou enfin chez les monomanes du sadisme ? Mais ce serait prendre pour des accès de haine sexuelle de simples accès d’égoïsme ou le sexe ne joue qu’un rôle accidentel. En revanche, la pudeur peut être considérée, je crois, comme l’opposé de l’amour purement physique. Leurs manifestations sont précisément inverses : la pudeur n’est-elle pas une inhospitalité corporelle en parfait contraste avec l’