en adoptant parfaitement les prémisses d’un raisonnement mathématique ou physique, sont incapables de croire à la conclusion, quand cette conclusion contrarie leurs habitudes mentales enracinées et, par exemple, prétendent les contraindre à affirmer que la terre se meut plus vite qu’un boulet de canon ou que la lumière voyage avec la vitesse inimaginable que l’on sait. Or, cette infirmité qui consiste à croire à la vérité d’un principe et à ne pouvoir admettre celle de sa conséquence logique, est très répandue et très funeste, mais, comme elle ne se traduit par aucune extravagance notable de conduite, elle n’est pas classée par les aliénistes. — Maintenant, d’où vient, dans ces cas plus ou moins exceptionnels, le caractère intransportable de la croyance et du désir ? Pourquoi le malade a-t-il peur devant l’acte à accomplir, de même que l’ignorant, autre malade, a peur, lui aussi, devant la conclusion à accepter, qui déroute ses préjugés ? Est-ce que l’anomalie ne s’expliquerait pas, dans un cas comme dans l’autre, par une dualité de la conscience, soit que (dans le cas de la folie de l’hésitation) il y ait là le signe d’une personnalité en train de se rompre, soit que (dans l’autre cas), il s’agisse d’une personnalité encore insuffisamment unifiée ? Le désir et la croyance seraient intransportables des prémisses à la conclusion, de la chose désirée à l’acte d’exécution, par la même raison qu’ils sont si souvent incommunicables d’une personne à une autre.
— Si la dualité de la croyance et du désir établit entre les instincts, comme entre les sentiments, une première division qui leur est commune, une autre division, perpendiculaire pour ainsi dire à la première, à savoir l’opposition du positif