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se transmettre de notre esprit à d’autres esprits ; ces deux déplacements sont solidaires, et la nécessité du second a fait la possibilité du premier. N’en est-il pas de même de notre désir ? S’il se médiatise et se déplace pour devenir volonté, n’est-ce pas parce qu’il cherche à passer dans autrui ? C’est en donnant des ordres ou adressant des prières autour de lui, à sa mère, à sa nourrice, plus tard à ses saints, protecteurs célestes, puis à ses camarades et à ses maîtres, que l’enfant apprend à vouloir, comme c’est en parlant qu’il apprend à penser.

Peut-être ces considérations sont-elles propres à préparer la solution ou à mieux poser les termes d’un problème difficile de la médecine mentale. On s’est demandé pourquoi la volonté n’agit pas, chez les malades atteints de la « folie du doute » (lisez de l’hésitation), ou d’agoraphobie, ou de tout autre état cérébral qui met dans l’impuissance de vouloir un acte qu’on sait cependant être nécessaire à la réalisation d’une chose qu’on désire. La réponse de M. Ribot est qu’on ne désire sans doute pas assez fort. Mais cette supposition me paraît démentie souvent par l’observation : beaucoup de malades, au contraire, manifestent un vif désir et ne parviennent pas davantage à prendre la décision qu’ils jugent indispensable. À l’inverse, combien de fois nous arrive-t-il de décider et d’exécuter des actes en vue de fins faiblement désirées par nous ! Mais autre chose est l’intensité du désir, autre chose sa mobilité, sa docilité à l’intelligence qui lui ordonne de se transporter d’A à B, quand B est conçu comme la cause de A. On pourrait rapprocher cette « folle de l’hésitation » des cas où notre croyance elle-même, quoique forte, n’est pas mobilisable. Par exemple, il est des gens qui, tout