qu’on est parvenu à mieux comprendre, par le développement du sens critique, qui fournit la réponse aux questions de l’admiration et du mépris, de la louange ou de l’indignation.
Mais l’émotion n’est pas seulement une question. Si elle n’était que cela, elle ne différerait pas des étonnements continuels qui tiennent l’esprit en éveil et activent la marche de la pensée. Sans doute, cette attitude du moi, la question, a une singulière importance, et d’elle procède, dans l’embranchement de la croyance, l’enchaînement des pensées, comme dans l’embranchement du désir, le déroulement des volontés, la logique de l’action. Mais ce qui, avant tout, caractérise cette dernière, c’est l’intérêt personnel et poignant que nous y prenons. Il y a émotion toutes les fois que le moi est avisé (par une perception ou une simple idée) que ses plus chers désirs ou ses plus chères croyances courent le risque d’être contrariés ou contredits, ou la chance d’être satisfaits ou confirmés, ou sont en voie de l’être. De là, dans les mêmes circonstances critiques, dans un incendie, par exemple, ou une émeute, la diversité des émotions ressenties par les différents acteurs : elle s’explique en partie par la nature si diverse de leurs désirs, qui a son origine dans celle de leurs caractères, c’est-à-dire de leurs groupes d’instincts personnels[1].
- ↑ C’est ainsi que, deyant un même spectacle, différents esprits se posent des problèmes tout différents, dont la diversité s’explique par celle de leur nature d’esprit équivalent intellectuel du caractère, — On s’est beaucoup occupé des caractères dans la psychologie contemporaine, pas assez des natures d’esprit qui ont autant d’importance.