dans les derniers replis de la conscience, aux intentions, aux inclinations sécrétés, aux phénomènes spirituels. Elle devient alors la grande et souveraine dualité religieuse du pur et de l’impur.
Aucune notion n’a été plus puissante que celle-là aux débuts religieux des peuples. Tout est classe dans l’Univers comme pur et impur, et, par cette opposition, par les sentiments violents d’attraction ou de répulsion caractéristique qu’elle engendre, s’accentuent singulièrement les barrières entre les cercles sociaux primitifs, jusqu’à ce qu’une acception plus large prêtée à la même distinction substitue à ces clôtures d’autres clôtures moins étroites, mais pareillement infranchissables. L’étranger, impur ; et, comme tel, non seulement haï ou redouté, mais répugnant et repoussé comme une pollution sacrilège. Le parent, le concitoyen, pur ; et, comme tel, fraternellement cher, bon à sentir près de soi respirant le même air. Puis, ce n’est plus l’étranger qui devient l’impur par excellence, c’est l’infidèle, l’homme d’une autre religion ; le pur par excellence, ce n’est pas le parent ni le compatriote, c’est le coreligionnaire. Le classement des choses en choses tabou et choses non tabou n’est pas particulier à la Polynésie, il se retrouve partout dans le passé superstitieux et créateur des peuples. Et son affinité est évidente avec le contraste du pur et de l’impur. L’horreur spéciale qu’inspire le péché au croyant, le dégoût de nausée qu’il soulève en lui, découle de la même source. On ne comprend rien au péché mortel ou véniel, à la casuistique, à l’énergie des sentiments moraux liés aux sentiments religieux, si l’on ne remonte à ce même point de départ, les humbles fonctions de l’odorat.