contraste. En réalité, le blanc est ou n’est pas, comme le noir, et, pas plus que le noir, il n’est susceptible de degrés d’intensité qui seraient autre chose que des degrés d’impureté, c’est-à-dire de mélange[1]. Le blanc pur, c’est, dans un état donné de notre rétine et de l’éclairage extérieur, la sensation de lumière la plus intense que nous puissions éprouver. Ce maximum ne dure qu’un instant, car, si la sensation se prolonge, l’intensité diminue à notre insu, ce qui veut dire que le blanc commence à s’assombrir, à se noircir, et finit par se convertir en noir absolu.
Ainsi, le blanc et le noir ne sont pas des quantités, mais bien des qualités séparément non susceptibles d’augmenter ou de diminuer ; et il n’y a pas d’état zéro entre eux. Les conditions essentielles de l’opposition font donc défaut ici. Mais cela ne les empêche pas de se distinguer des autres impressions optiques par un caractère singulier. Le blanc marque le maximum de discernabilité visuelle. C’est sans doute parce que notre soleil est une étoile blanche qu’il en est ainsi ; peut-être les habitants des planètes éclairées par des étoiles rouges ou jaunes, affectent-ils le rouge ou le jaune à signifier la visibilité maxima. Le noir, au contraire, c’est le minimum de discernabilité visuelle. Le noir, c’est le signe visuel de l’invisible. Mais le non-visible n’est pas l’anti-visible. Ce serait une erreur de croire que le blanc correspond l’affirmation et le noir à la négation ; le noir ne correspond qu’à la non-affirmation et à la non-négation aussi bien. En effet, le blanc marque le maximum à la fois de l’affirmabilité et de la niabilité
- ↑ Bien entendu, comme le noir et comme toutes les couleurs, il est susceptible de degrés d’extension dans le champ visuel.