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cherchons, et la question qui nous occupe est de rechercher les sensations qui le réalisent.

Parmi les sensations tactiles, autres que celles de température, n’y a-t-il à compter, comme le pense M. Ribot, que des sensations de pression ? Et ne pourrait-on pas opposer à celles-ci les sensations de traction provoquées notamment par la succion de la peau ou son aspiration dans le vide des ventouses ? Pression et traction, avec simple contact comme état zéro, forment peut-être un contraste assez intéressant, et qui n’est pas sans jouer un certain rôle dans la vie ; toutes les fois, par exemple, qu’on presse un membre d’autrui pour le tirer à soi. C’est souvent pour tirer qu’on presse en serrant. Serrer réalise aussi une autre petite opposition tactile, celle de deux pressions en sens inverse. Celle-ci est si importante qu’on a pu fonder la supériorité de l’homme sur l’opposabilité du pouce humain aux autres doigts ; exagération manifeste, d’ailleurs. « La preuve, dit Ribot, que ce caractère n’est pas indispensable, c’est que l’orteil n’est pas opposable aux autres doigts du pied et que, cependant, chez des gens amputés des mains, le pied a pu rendre les mêmes services que celles-ci ».

Remarquons aussi que, lorsqu’on serre quelque chose, l’opposition des deux pressions inversement dirigées est physique, non psychologique. Il n’en est pas de même de celle du froid et du chaud. Ici nous avons un état zéro déterminé à chaque instant ; c’est la température propre de la peau. « Si une partie de la peau, dit Wundt, est échauffée au-dessus de ce point zéro physiologique, la sensation de chaleur prend aussitôt naissance ; si elle est refroidie au-dessous de ce point, on a la sensation du froid. Ce point zéro n’est point invariable,