Mais quelles sont ces odeurs contraires ou même complémentaires ? Toutefois, au point de vue des peines ou des plaisirs, des désirs ou des répulsions qu’elles provoquent, les odeurs forment des contrastes fort nets, comme les saveurs, mais variables d’une personne à une autre et d’un moment à l’autre. Il y a certainement des odeurs - comme des saveurs - appétissantes et nauséabondes, agréables ou pénibles, excitantes ou réfrigérantes au point de vue sexuel ; mais il n’est pas d’odeur fétide, ni de saveur putride, qui ne puisse être délicieuse à quelqu’un dans certains cas ; il n’est pas de parfum qui ne puisse être répugnant à l’occasion. Nous reviendrons plus loin sur ces contrastes des sens inférieurs et sur les notions importantes qu’ils ont suggérées.
La cénesthésie, le sens intérieur des fonctions organiques, ne présente pas non plus d’oppositions précises. Tout au plus peut-on opposer à la sensation de la fatigue celle de l’ardeur, du besoin d’activité à dépenser.
Dirions-nous l’hyperesthésie, en général s’oppose à l’anesthésie ? Non ce serait plutôt l’hyposthésie, prenant pour état zéro la sensibilité normale. Seulement, celle-ci est indéterminée dans une large mesure. Le véritable état zéro, c’est l’anesthésie. À une hyperesthésie spéciale s’oppose, à travers une anesthésie spéciale, une hyperesthésie en sens contraire[1]. Mais c’est précisément ce sens contraire que nous
- ↑ Aussi n’est-il pas exact de dire que les hallucinations négatives, dont il est si souvent question dans les expériences des hypnotiseurs, s’opposent aux hallucinations positives. l’hallucination négative, qui empêche le sujet de voir ce qui est sous ses yeux, est une anesthésie partielle et relative, et l’hallucination positive, qui lui fait voir ce qui n’est pas sous ses yeux, est simplement une esthésie imaginaire.