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scientifiques à vrai dire, qui se sont élevées dans ces derniers temps sur le point de savoir si la femme, en général, est plus ou moins sensible que l’homme. Si vague que soit ce problème, et si mal qu’il ait été remué, comme tant d’autres, par un célèbre agitateur italien, de vrais savants n’ont pas dédaigné d’intervenir dans le débat, ce qui prouve qu’à leurs yeux le caractère quantitatif de la sensibilité ne fait pas le moindre doute. Il n’est cependant pas de sujet, en psychologie comparée, où la différence de nature l’emporte plus en valeur sur la différence de degré, que lorsqu’il s’agit de deux manières de sentir aussi profondément distinctes que celles des deux sexes dans l’espèce humaine. D’où l’on peut conclure que, puisque la comparaison des deux sensibilités féminine et masculine, même au point de vue de leur intensité, a pu conduire à quelques résultats partiels assez bien établis et se prêter à l’application de certains instruments de mesure, il est permis, a fortiori, au législateur, au politique, au moraliste, au sociologue, de faire de la psychologie collective où les volontés et les croyances individuelles soient traitées comme des quantités comparables, à peu près mesurables, susceptibles de hausse ou de baisse d’ensemble. Et ce dernier problème, on l’avouera, est d’une tout autre importance que le précédent ; sans doute, il n’est pas sans intérêt de savoir que « pour le goût les femmes offrent une plus grande finesse que les hommes, exception faite pour le sale », que, pour les sucreries, leur palais est remarquablement fin, ainsi que leur vue pour les nuances des laines - non pour celles des tableaux, chose à noter - et l’on peut aussi s’inquiéter de rechercher qui a raison, de Michols ou de Bailey ou d’Ottolenghi ou de