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pourraient se rattacher les beaux travaux de Pasteur en cristallographie[1]. « Nous avons le droit, dit M. Duclaux, d’attribuer des molécules dissymétriques à toutes les substances agissant à l’état de solution sur la lumière polarisée ; et, quand on songe que toutes ces substances appartiennent au règne végétal ou au règne animal, c’est-à-dire sont des produits de l’activité cellulaire, cette particularité de structure devient curieuse à envisager de près… Une cellule vivante nous apparaît donc comme un laboratoire de forces dissymétriques, où un protoplasma dissymétrique agissant sous l’influence du soleil, c’est-à-dire sous l’influence de forces extérieures dissymétriques, peut présider à des actions très variées, fabriquer à son tour de nouvelles substances dissymétriques… bref, présenter la plasticité merveilleuse que nous lui connaissons, et cela tout simplement, par de toutes petites déviations de forces sous des influences dissymétriques. »

Remarquons, entre parenthèses, que même en ses dissymétries, la nature ne laisse pas d’être persécutée par une préoccupation symétrique. Pasteur a montré, par exemple, que les molécules des deux acides tartriques droit et gauche ont une dissymétrie « inverse l’une de l’autre », symétrique l’une de l’autre par rapport à un plan. « Si l’une est une main droite, l’autre est une main gauche ». Ces deux acides droit et gauche sont deux extrêmes, dont l’acide paratartrique qui les combine, et qui ne dévie ni à droite ni à gauche la lumière polarisée, réalise l’état zéro. Ce qui caractérise la

  1. Voir Pasteur, Histoire d’un esprit, par Duclaux, membre de l’institut (Masson).