symétrique ne pouvait suffire. Par la sensation, par la conscience, par la représentation subjective, une inversion plus surprenante se produit, un repli plus profond, et, par la vérité, une possession aussi pleine, aussi totale que possible, de l’univers.
V
— Si, au lieu d’envisager la vie dans l’ensemble et la série de ses métamorphoses jusqu’au point où elle sort d’elle-même et se transfigure en Esprit, nous prenons à part un être vivant quelconque, la même ambition insatiable va nous frapper en lui et nous servir à comprendre, grâce à une distinction indiquée plus haut, la nécessité de la mort : grave problème, jugé insoluble par bien des naturalistes philosophes. Arrivé au plus haut point d’acquisition volumineuse, nutritive, que son type comporte, l’être adulte se continue et se propage au dehors par la génération ; mais lui-même, que devient-il ensuite ? La vie qui, par la reproduction, vient d’attester son rêve de tout envahir si on la laisse faire, va continuer à révéler maintenant, par les changements ultérieurs de l’individu, son besoin non moins profond de posséder totalement ce qu’elle a acquis. Par la multiplication héréditaire, elle exprime son avidité envahissante ; par l’évolution individuelle, qui ne se termine qu’à la mort, elle exprime son absolutisme croissant. Elle est comme un despote insulaire, qui, tout en expédiant des colonies au loin pour étendre dans l’univers entier, si faire se peut, sa domination et reproduire à l’infini