à dire qu’il n’y ait rien de vrai, rien d’instructif dans les chapitres substantiels que l’illustre philosophe anglais consacre à la formation des structures organiques ? Non. Il prouve surabondamment qu’une correspondance existe ou s’établit à la longue entre la forme de l’être vivant et la nature de son milieu. Mais c’est là ce que nul téléologiste ne conteste ou n’a intérêt à contester. Au contraire, la finalité s’appuie sur des faits de ce genre. Ce qu’il prouve encore, c’est que, là où le maintien de la symétrie était incompatible avec la santé de l’individu ou la durée de l’espèce, la symétrie, soit sphérique, soit rayonnée, soit bilatérale, a été momentanément troublée, ou même définitivement, par exemple dans la curieuse famille des pleuronectes (plies et soles). Mais ce qu’il n’ajoute pas, c’est que tout ce qui a pu être maintenu de la symétrie primitive d’où la vie est partie, et tout ce qui a pu être obtenu de la symétrie supérieure où la vie s’achemine pas à pas, a été sauvegardé ou réalisé. Nous pouvons donc, sans contester aucun des faits si ingénieusement groupés par M. Spencer, sans même rejeter entièrement son hypothèse de l’action formatrice - ou plutôt déformatrice le plus souvent et parfois réformatrice - des forces extérieures, nous pouvons ériger en principe évident une sorte de tendance essentielle de la vie à la symétrie. Même dans les espèces si exceptionnelles où l’adulte est force de devenir asymétrique, la symétrie existe aux premières phases embryonnaires et témoigne de ce penchant inné.
Si j’objectais à M. Spencer que les animaux et les plantes les plus différents par leur structure vivent et prospèrent dans une même région et dans des conditions toutes semblables,