ne se justifie ni par la collaboration des deux moitiés de la langue, du pharynx, des cordes vocales, puisque une disposition asymétrique aurait produit le même effet, ni par leur suppléance ou leur contrôle réciproques, puisque, dans le cas d’hémiplégie, la paralysie de la moitié de la langue suffit à empêcher à peu près complètement le malade de parler. — En somme, le problème de la bilatéralité est si inextricable que Darwin en est réduit à cette conjecture : « La structure bilatérale des animaux nous indique peut-être, dit-il, qu’ils furent primitivement formés par la fusion de deux individus. » Platon avait déjà risqué l’hypothèse[1].
Pour comprendre cette obstination de la nature vivante, envers et malgré tout, à maintenir la symétrie bilatérale des animaux supérieurs, il faut jeter un rapide coup d’œil sur le domaine entier de la vie animale ou végétale. Si, comme le veut M. Spencer dans ses Principes de biologie, où il développe si brillamment ce point, les formes vivantes avaient, en définitive, pour unique cause l’action des forces incidentes du dehors, ces formes ne devraient être que très exceptionnellement symétriques, puisque l’action de ces forces l’est si rarement, ou pour mieux dire jamais. Mais c’est le contraire qu’on observe. Sauf de très légères exceptions, la plus grande régularité, et la symétrie la plus remarquable, sphérique ou rayonnée chez la plupart des plantes ou des animaux inférieurs, bilatérale chez les animaux supérieurs, éclate d’un bout à l’autre de toutes les séries vivantes. Est-ce
- ↑ On pourra lire d’intéressants développements sur la symétrie des forces naturelles, des mouvements animés on inanimés, dans M. Fouillée, (Mouvement idéalité, p. 109, 136, 139, 141).