Chapitre V
Les symétries de la vie
I
Pour nous reposer, récréons-nous un peu l’esprit à parcourir les formes symétriques des êtres vivants et à interpréter ces belles énigmes. Il est loisible ici à la rêverie métaphysique de s’exercer, sinon de s’amuser, à l’image de la nature elle-même qui a déployé en cet ordre de faits tant de fantaisie architecturale. N’est-il pas permis, par exemple, de se demander tout d’abord pourquoi il n’existe pas d’animaux, principalement dans les espèces supérieures, qui soient soutenus par trois jambes ? Il y a des myriapodes, des quadrupèdes, des bipèdes, mais les tripèdes, chose étonnante, font absolument défaut. Rien cependant n’eût été plus propre que cette disposition en trépied à faciliter l’équilibre de la station droite et aussi, par suite, la locomotion. Trois bras ne nous seraient pas moins utiles que trois jambes, celui du milieu servi par les deux autres indifféremment et exprimant sa prééminence par son rang à part. Chez nous, le bras gauche n’est qu’en apparence l’égal du bras droit. La main droite seule sait écrire, différence énorme, seule manier l’épée et en général un outil quelconque. N’est-ce pas une puérilité de la nature, d’avoir,