n’a-t-elle point les caractères d’une opposition à cause de la dissemblance des deux termes, est celle qui s’établit entre la Vie, puissance essentiellement organisatrice, conservatrice et réorganisatrice, et la Non-Vie, l’ensemble des forces extérieures qui tendent, non à faire varier l’être vivant, mais à le dissoudre. Et le résultat de cette bataille incessante, c’est, nous l’avons vu, l’adaptation individuelle continue, la variation individuelle survenue au cours de la vie. — Mais revenons à une antithèse, en apparence beaucoup plus solide et plus profonde, celle qui existe d’après Geddes et Thompson, « entre la croissance et la multiplication, entre la nutrition et la reproduction ». je vois bien que ces choses sont semblables : elles le sont à tel point que, dans bien des cas, on les confond. « La croissance, en devenant démesurée, se change en reproduction, et la reproduction sexuelle, en se passant de fécondation, peut dégénérer si bien que nous ne la distinguons plus de la croissance ». Mais en quoi sont-elles inverses ? Elles sont inverses, nous dit-on, « comme le revenu l’est de la dépense ou la construction de la démolition ». Il semble que l’on confond ici la reproduction avec la mort ou avec la dégénérescence sénile, qui, elle-même, nous le savons, n’est que l’opposé bien imprécis de l’évolution, de la croissance. Dans l’ensemble de la vie des organismes, nous dit-on, il y a « un rythme évident. La frondaison et la mise à fruit, périodes de nutrition et crises de reproduction, la faim et l’amour, doivent être interprétés comme des flux de vie, qu’on verra n’être que des expressions spéciales du rythme organique fondamental entre le sommeil et la veille, le repos et le travail. » Je n’aperçois point du tout le lien entre les phénomènes
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