Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chapitre IV

Oppositions vivantes


I

Est-ce par l’indolence, le caprice, le laisser-aller de ses traits immobiles, ou par l’immobilité, qui est une espèce d’ordre et de règle uniforme, de ses traits capricieux et indolents, que la campagne nous enchante ? C’est, je crois, par ce mélange même de désordre et de fixité, comme les constellations. Quoi qu’il en soit, tandis que sa libre et fantaisiste constance nous ravit, et que nous nous attachons amoureusement à l’indécision de ses formes et à leur absence relative du mouvement, la nature vivante nous charme au contraire par la liberté de ses mouvements et la régularité symétrique de ses formes, ou bien, chez les plantes, par la variété inépuisable de ses traits réguliers. Ce n’est point là, certes, une opposition, une froide antithèse ; c’est un aimable accord qui fait la beauté et la grâce du monde.

Si nous étudions à part les êtres vivants, il semble au premier examen qu’ils soient la réalisation la plus parfaite des idées d’opposition et de symétrie[1], mais une étude

  1. Les conceptions que les grands physiologistes, par exemple, Bichat, de Blainville, Cl. Bernard, se sont faites de la vie, ont cela de commun de la présenter