ces heurts. Car, si elle exige une absorption de chaleur, je ne vois pas trop le moyen de maintenir l’hypothèse du choc, à moins d’admettre qu’il y a deux sortes de chocs, comme il y a deux sortes d’interférence ondulatoire, l’une qui est une mutuelle soustraction, l’autre qui est une mutuelle addition des deux forces rencontrées. Et, de fait, l’interférence n’étant qu’une espèce de choc, cette distinction du choc en deux branches, l’une positive l’autre négative, n’a rien d’illégitime, mais, en même temps, nous montre le choc sous un aspect tout autre et tout autant compréhensif. Quoi qu’il en soit, après la combinaison de deux corps, il est inadmissible que la vie des nouvelles molécules se passe à se heurter, la conservation indéfinie de leur énergie interne prouve le contraire. De même, il y a bien des raisons de penser que cet équilibre mobile d’espèces vivantes, mutuellement ou unilatéralement utiles les unes aux autres, qu’on appelle une faune ou une flore, dans une région déterminée, ne s’est pas établi sans de longues et sanglantes péripéties, sans des luttes meurtrières et des alternatives de défaites et de victoires ; mais, souvent aussi, les diverses espèces se sont alliées, et non combattues, dès le premier moment de leur rencontre, et le résultat de ces alliances comme de ces luttes, c’est l’établissement d’une sorte de paix vitale inter-spécifique que n’interrompt pas la fréquence de petits combats entre individus. Enfin, s’il n’est pas douteux qu’il y ait eu entre les premières tribus, entre les premières cités, entre les premiers petits États, des guerres nombreuses, et qu’il y en ait encore de temps en temps entre les grands États, il est certain qu’il y a eu aussi force alliances entre les peuples petits ou grands, et que le résultat de ces
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