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des chocs que subit une molécule d’air pendant une seconde est, selon Wurtz, de 4,700 millions ; et un centimètre cube d’air renferme 21 trillions de molécules. Le produit de 21 trillions par 4,700 millions exprime donc le nombre des chocs qui ont lieu par seconde dans un centimètre cube d’air. — Mais ce n’est que hors de la portée de nos perceptions que ce phénomène est si répandu. Dans le monde observable, il joue un rôle, heureusement, beaucoup moindre, bien qu’on ait, ici même, un penchant à l’exagérer. Le choc biologique, le struggle for life, et le choc sociologique, la guerre, ont encore une foule de panégyristes qui célèbrent leurs bienfaits et leur prétendue nécessité éternelle. Rien de moins justifie que cette généralisation. Il semble, à jeter un coup d’œil d’ensemble sur le monde, que l’utilité du choc y soit transitoire et limitée à la période de formation des équilibres mobiles, qui, une fois formés, manifestent une vive et croissante répugnance aux heurts de tout genre. Il est possible et même probable que, pendant la gestation de notre système solaire, les chutes des masses célestes les unes sur les autres aient été multipliées, autant que gigantesques, mais à présent leur mutuelle tendance au choc, L’attraction, aboutit très rarement au choc effectif, dont les minuscules bolides tombant sur la terre ou sur tout autre globe sont la dernière manifestation. Quand deux substances chimiques sont en train de se combiner, nous pouvons supposer que leur combinaison s’accompagne d’innombrables chocs moléculaires ; si du moins, comme c’est le cas habituel, elle s’effectue moyennant un dégagement de chaleur qui peut être considéré comme la transformation de l’énergie motrice disparue dans