en elle tout l’intérêt de l’existence, et la période de déformation, beaucoup plus rapide d’ordinaire, est jugée infiniment moins importante[1]. Nous trouvons tout naturel qu’il en soit ainsi, parce que nous sommes habitués à ce spectacle continuel ; mais pourquoi cela est-il et non l’inverse ? Pourquoi l’ascension de la vie a-t-elle le privilège du bonheur, de la fécondité, de la grandeur, et sa descente est-elle accompagnée d’un sentiment d’inanité et de tristesse ? Pourquoi est-il plus facile ici, plus agréable et plus doux, de monter que de descendre ? Pourquoi la jeunesse et la maturité, et non la vieillesse, sont-elles la phase brillante, prospère, féconde, de la vie, de la pensée, des sociétés ? Je ne me charge pas de l’expliquer. Peut-être, je le répète, y a-t-il d’autres univers qui, faisant compensation au nôtre, et, pour ainsi parler, faisant déboucher la Plata ou le Mississippi dans le Pacifique, non dans l’Atlantique, présentent interverti le rapport des deux parties, initiale et finale, de l’existence. Là il serait dur de croître et délicieux de décliner ; la montée des êtres serait brusque, aride, ingrate, analogue au versant occidental des Andes ou des Cordillères ; mais le déclin serait d’une lenteur et d’une douceur ravissante qui ferait désirer de vieillir. Si étrange que puisse paraître cette hypothèse, je ne vois rien, en vérité, qui défende de l’accueillir.
Voila une observation, toute différente, qui vient peut-être
- ↑ On en a une preuve, entre aatres, en comparant, dans les Premiers Principes de Spencer, les longs chapitres qu’il consacre à l’Evolution avec les courtes pages que la Dissolution lui suggère, malgré son désir manifeste d’établir entre la Dissolution et l’Evolution une balance égale et de présenter l’une autant qu’il a pu, comme l’envers exact de l’autre.