à la religion arabique antérieure à Mahomet, ni le catholicisme actuel, au judaïsme, ni même le cléricalisme français de notre XIXe, siècle au gallicanisme ou au jansénisme du siècle dernier ou au christianisme d’avant la Réforme. Au point de vue scientifique, les changements de méthodes et d’hypothèses, d’engouements tour à tour pour telle explication matérialiste ou idéaliste, évolutionniste ou créationniste sont réversibles et, de fait, s’intervertissent souvent ; mais la suite des découvertes, des connaissances scientifiques qui vont s’accumulant, est, dans une large mesure, irréversible. Il n’y a rien de plus irréversible dans nos sociétés que cette série lumineuse, qui est ce qu’il y a de plus souverainement et profondément actif parmi les causes capitales des effets sociaux. Au point de vue économique, les changements de modes extérieures, de coupes de vêtements, d’usages du monde en tant qu’ils ne sont pas intimement et indissolublement liés à des changements de mœurs, sont, en grande partie, réversibles ; mais les changements profonds des mœurs, lentement opérés par les idées et par les besoins nouveaux, par les découvertes théoriques ou les inventions pratiques, sont irréversibles comme la série de celles-ci et de celles-là. Au point de vue gouvernemental, les formes politiques sont réversibles, en tant qu’elles ne sont pas l’expression unique et nécessaire des idées politiques dominantes ; mais le changement lent et profond des idées, des croyances politiques, est irréversible au plus haut degré. La République de Florence, dans sa longue carrière agitée, a expérimenté toutes les variétés possibles du gouvernement démocratique et souvent est revenue sur ses pas ; mais, à travers ces péripéties, coulait
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