sociales, combien étroite et insuffisante est la conception de ces publicistes qui restreignent la question sociale aux prétentions formulées par les ouvriers contre leurs patrons. La tâche du législateur sera-t-elle terminée quand il aura convenablement réglementé le louage d’industrie ? Peut-on le soutenir quand des plaintes s’élèvent de tous côtés contre l’ensemble de nos institutions. Elles émanent d’abord de la bourgeoisie elle-même qui reconnaît que bien des parties de notre législation ne sont plus à la hauteur des besoins de la vie moderne, dont elles n’ont pu suivre les progrès.
Mais ces critiques, en somme légères, ne sont rien comparées au réquisitoire formidable prononcé, au nom de la classe prolétarienne, par ses défenseurs.
§ 3. — « Il est certain, dit Menger, qu’à toute époque de nos jours comme dans les temps les plus reculés, le droit n’est pas constitué au profit des grandes masses, mais à l’avantage d’un petit nombre de privilégiés. Ce sont les intérêts des puissants qui, dans leur conflit avec les faibles, se transforment le plus souvent en droit par la voie de la législation, et les lois partiales, en forçant les tribunaux à donner, tous les jours et à toute heure, tort aux classes prolétaires, doivent naturellement les aigrir profondément. »[1]
- ↑ Menger, op. cit. 5, 6, 226.